Discret sur ses amours, audacieux dans le choix de ses rôles, le héros de «Twilight» déteste parler de lui. Actuellement à l’affiche de «Tenet», dernier casse-tête temporel de Christopher Nolan, l’acteur britannique sera Batman l’an prochain. Portrait de Mister mystère.
Avec ses sourcils épais, ses yeux azur et ses cheveux en pétard, il capte le regard. Un rêveur. «Robert Pattinson est l’essence même du mâle moderne», affirment les créateurs italiens Dolce & Gabbana, admiratifs de l’égérie masculine de Dior. Et cela dure depuis la sortie du premier «Twilight», love story à l’eau de rose entre le vampire Edward Cullen et la fragile humaine Bella (Kristen Stewart), en 2008. Un rôle qui a failli l’étouffer. «J’ai mis dix ans à m’en défaire», confie l’acteur londonien, actuellement à l’affiche du controversé «Tenet», de Christopher Nolan, pasteur inquiétant dans «The Devil At All Time» dès le 16 septembre sur Netflix et prochain «Batman».
Twilight a fait de lui une star planétaire, mais l’homme est agoraphobe. Sa propre célébrité l’encombre. «J’ai toujours été parano, confiait-il en 2009. Je n’allais pas tout à coup me nourrir du regard des autres. Je déteste focaliser l’attention.»
Pourquoi, dans ce cas, être devenu acteur? Par goût du cinéma sûrement. Par opportunisme aussi. «Parfois, je me dis: «Ras-le-bol de ce boulot!» Puis je réalise que je pourrais me retrouver à bosser dans un magasin de chaussures... Acteur, c’est quand même vachement plus cool.» N’empêche que, à l’image de l’immense Daniel Day-Lewis, il se complaît à l’écart du monde. A l’heure des réseaux sociaux, il juge obscène de parler de soi: «C’est juste la pire chose qui puisse arriver à un acteur.»
Robert Pattinson entretient son propre mystère. Après «Twilight», il pouvait prétendre succéder à Brad Pitt, à Leonardo DiCaprio. Hollywood ne demandait que ça. Hors de question. Tel Daniel Radcliffe après «Harry Potter» ou Elijah Wood («Le seigneur des anneaux»), il a misé sur le cinéma indépendant. Un exil intérieur. Pour exister sans se perdre.
Peu d’acteurs hollywoodiens ont un discours aussi francophile que le sien. Ses références cinématographiques? Godard («Pierrot le Fou», «A bout de souffle», «Prénom Carmen»), Leos Carax («Les amants du Pont-Neuf»), Maïwenn. «J’aime le souffle émotionnel du cinéma français, clame-t-il. Mon rêve ultime serait de ne faire que des films français!» Il s’est déjà retrouvé chez Claire Denis dans «High Life» et parle le français, même si c’est «comme un môme de 3 ans», dit-il.
Aujourd’hui résident de Los Angeles, Robert Pattinson a grandi à Barnes, une banlieue londonienne située dans une boucle de la Tamise. Il est le cadet des trois enfants de Richard Pattinson, un importateur de vieilles bagnoles américaines, et de son épouse Clare (née Charlton), bookeuse dans une agence de mannequins. Le couple a d’abord eu deux filles: Elizabeth, dite Lizzie, devenue chanteuse, et Victoria, qui bosse dans la pub. Gamines, elles adoraient habiller leur petit frère en fille et l’avaient rebaptisé Claudia.
Le jeune Robert découvre le piano à 4 ans, la guitare à 5. Il effectuera toute sa scolarité dans le privé. A 12 ans, il est viré de sa première école pour avoir volé et revendu des magazines coquins à ses copains.
Transféré à la Harrodian School, un établissement mixte, il découvre le gel coiffant. Premier French kiss. Avec l’appui de sa mère, il devient modèle, s’essaie au rap, puis au rock garage.
Fan d’Arsenal, il joue au foot évidemment, au poste de gardien, mais prend des coups. Trois fois, on lui brise le nez! Les études le saoulent. «Je n’étais pas du tout concentré en classe, raconte-t-il. (...) J’allais en cours parce que j’aimais bien mes profs, mais j’étais plutôt un solitaire.» Pour soigner sa timidité, son père l’inscrit au cours d’art dramatique de la Barnes Theatre Company, une troupe de quartier. Sans songer une seconde à devenir acteur, il relève le défi.
Après un rôle muet de danseur cubain (!), il se retrouve en tête de distribution de la pièce «Our Town». Un chasseur de talents le repère. A 18 ans, il quitte le domicile parental et emménage avec un pote dans le quartier de Soho. Première copine.
Il tourne dans le film «Vanity Fair: la foire aux vanités», mais sa scène est coupée au montage, ce qu’il découvre… le soir de la première. Le réalisateur, qui s’est tu, est si mal à l’aise qu’il va lui décrocher le rôle de Cedric Diggory dans «Harry Potter et la coupe de feu».
Son rôle le stresse tellement que Robert Pattinson vomit sur le plateau. Ce métier n’est pas fait pour lui, il en est convaincu, mais le destin en décide autrement quand il est choisi parmi 3000 jeunes acteurs (!) pour le rôle d’Edward Cullen dans la saga «Twilight», malgré les protestations des fans du livre, qui ne veulent pas de lui. Les cinq films de la franchise rapporteront plus de 3,3 milliards de dollars!
Promu plus bel homme de la planète, Robert Pattinson est tombé amoureux de Kristen Stewart, sa partenaire à l’écran, mais le couple se cache. Ils ne confirmeront qu’au bout de trois ans. L’acteur veut garder ses sentiments pour lui. «Evoquer publiquement ses amours, c’est les dévaloriser», souligne-t-il.
En 2012, coup de théâtre: tombant sur le magazine Us Weekly, il découvre que sa Bella fricote avec Rupert Sanders, le réalisateur (marié) de «Blanche-Neige et le chasseur». Il a le cœur brisé et disparaît des radars.
Son statut de sexe-symbole lui pèse. Il fuit Hollywood. Au bout de deux ans, il rencontre la chanteuse et danseuse FKA Twigs. Leur passion fait long feu. L’acteur partage aujourd’hui la vie de la top-modèle et actrice Suki Waterhouse, en toute discrétion.
Fuyant la une des tabloïds, Robert Pattinson a aussi longtemps rejeté les propositions lucratives de Hollywood, préférant travailler avec des gens comme David Cronenberg («Cosmopolis», «Maps to the Stars») ou Werner Herzog (Queen of the Desert»). A 34 ans, le voici pourtant dans Tenet», le film à 250 millions de dollars de Christopher Nolan («Inception», «Interstellar»). Plus étonnant encore, il sera le prochain «Batman», en salle à l’automne 2021. Comme s’il avait enfin accepté l’idée d’être une star.
September 06, 2020 at 08:28PM
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Robert Pattinson, l'étoile fuyante - L'illustré
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