La trentième édition des Nuits des étoiles se déroule du 7 au 9 août dans toute la France.

© Guillaume Cannat
Alors que le spectacle exceptionnel offert par la comète NEOWISE s’achève, les planètes, la Lune, les étoiles filantes et la Voie lactée prennent le relais pour animer les nuits aoûtiennes. La comète n’est plus visible à l’œil nu depuis la fin du mois de juillet, mais si vous possédez des jumelles ou un télescope, elle est toujours observable en début de nuit au-dessus de l’horizon ouest, une dizaine de degrés sous l’étoile très brillante Arcturus du Bouvier. C’est par elle que commenceront les observations, deux heures après le coucher du Soleil, lors des trois nuits des étoiles, du vendredi 7 au dimanche 9 août. À présent que son éclat a baissé, un ciel protégé des lumières artificielles est indispensable pour la voir. Je vous suggère donc de profiter du week-end pour vous éloigner des villes et des illuminations nocturnes envahissantes ; avec la canicule annoncée, passer quelques heures au frais sous les étoiles sera une sortie bienvenue. Prévoyez des pulls, des pantalons et des chaussures fermées, ainsi qu’une ou deux couvertures pour vous allonger sur le sol et vous promener à l’œil nu entre les étoiles. Si votre ciel est bien sombre, vous pourrez contempler la magnifique Voie lactée estivale qui barre le ciel du nord au sud avant que l’éclat lunaire ne l’efface en milieu de nuit.

Deux heures après le départ du Soleil, vous repérerez sans peine les planètes Jupiter et Saturne à une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon sud, ce qui correspond à la hauteur de votre main grande ouverte et bras tendu : Jupiter est à droite et c’est la plus brillante des deux. En vous rendant sur un site d’observation ouvert au public, outre la présence des animateurs scientifiques qui vous aideront à découvrir les astres et répondront à vos questions, vous aurez la possibilité d’observer ces planètes dans des lunettes ou des télescopes. Avec un grossissement de quelques dizaines de fois à peine, les anneaux de Saturne sont parfaitement visibles en direct, tout comme les bandes nuageuses de l’atmosphère de Jupiter et les principales lunes de ces planètes géantes. Un peu plus tard dans la nuit, ces instruments vous permettront également de détailler la surface de la Lune lorsque notre satellite naturel se sera levé et brillera non loin du point rougeoyant de la planète Mars.

© C&E 2020
À l’orée de l’aube, si vous avez le courage de vous lever près de deux heures avant le Soleil ou si vous passez toute la nuit sous les étoiles, ne manquez pas l’éclat somptueux de la planète Vénus qui brille au-dessus de l’horizon est. Il s’agit de la planète la plus brillante visible depuis la Terre et elle nous salue au réveil durant tout l’été. Dimanche 9 août au matin, Mars et la Lune vous donnent une raison supplémentaire de mettre le nez dehors en se serrant l’une contre l’autre. Une heure avant le lever du Soleil, ces deux astres sont à moins de 3° d’écart et brillent loin au-dessus de l’horizon sud. Avec des jumelles, vous pouvez poursuivre l’observation du rapprochement de ce couple après le début du jour. En milieu de matinée, la planète vers laquelle trois nouvelles sondes spatiales se sont élancées en juillet est visible à un degré seulement du limbe lunaire dans un ciel bleu limpide ; fixez les jumelles sur un trépied stable pour repérer l’éclat martien.
Quelques rendez-vous célestes à ne pas manquer
Le samedi 8 août au soir, il faut attendre près de trois heures après la disparition du Soleil pour que Mars et la Lune gibbeuse décroissante se lancent à la conquête de la face est du ciel ; leur écart apparent est de près de 5°. Le dimanche 9 à l’aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, nous les retrouvons à moins de 3° de séparation et à plus de 45° de hauteur au-dessus de l’horizon sud.
Comme chaque année vers le 12 août, la Terre traverse la traîne de poussières microscopiques relâchées par la comète Swift-Tuttle lors de ses passages répétés à proximité du Soleil. En heurtant les hautes couches de l’atmosphère, ces poussières donnent naissance au bref phénomène lumineux que l’on a coutume d’appeler une étoile filante. Ces étoiles filantes aoûtiennes semblant rayonner autour de la constellation de Persée, on les appelle les Perséides. Cette année, durant la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 août, les Perséides sillonnent la voûte céleste en présence d’un croissant de Lune dont l’éclat devrait cacher seulement les étoiles filantes les plus modestes. L’essaim des Perséides est heureusement connu pour les magnifiques bolides aussi brillants que Vénus qu’il jette fréquemment sur le ciel et qui arborent parfois des couleurs magnifiques. Vous verrez bien plus d’étoiles filantes en vous éloignant des villes et des lumières artificielles. Trois heures après le coucher du Soleil, la constellation de Persée surplombe l’horizon nord-est avant de s’élever vers le zénith. Je vous suggère de guetter les étoiles filantes à l’œil nu car on ne sait jamais précisément où va apparaître la suivante et le champ d’un instrument – même des jumelles – est toujours trop réduit. Installez-vous sous la tapisserie nocturne avec vos proches – pensez à prendre couvertures et pulls ! – et devisez gaiement en faisant un vœu à chaque étoile filante !
Du samedi 15 au lundi 17 août en fin de nuit, deux heures avant le lever du Soleil, Vénus regarde la Lune glisser vers l’horizon est-nord-est. La planète brille de mille feux dans les Gémeaux et, si vous êtes loin des sources de lumière artificielle, une multitude d’étoiles apparaît dans le ciel autour d’elle car il fait encore nuit noire. Vénus vient en effet d’atteindre son élongation maximum à près de 46° à l’ouest du Soleil et elle se lève plus de trois heures et demie avant lui. La Lune approche de la fin de son cycle et son croissant est chaque jour un peu plus mince, permettant à la lumière cendrée d’envahir le reste de son globe.
Le vendredi 28 et le samedi 29 août au soir, une heure et demie après le départ de l’astre du jour, la Lune bien ovalisée s’installe à droite de Jupiter puis à gauche de Saturne. Ces astres sont alors à une vingtaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud-sud-est et sont très faciles à repérer à l’œil nu, même en milieu urbain si vous évitez les obstacles architecturaux. Vous serez plus gêné par cette faible hauteur dans les sites entourés d’arbres de haute futaie et dans les vallées encaissées n’offrant pas une ouverture dégagée allant du sud au sud-ouest.
Phases de la Lune en août
La Lune est pleine le 3 dans le Capricorne, à son dernier quartier le 11 dans le Bélier, nouvelle le 19 dans le Lion et au premier quartier le 25 dans le Scorpion.
Consultez également la page des phases lunaires pour l’année 2020.
Le ciel d’août
À la fin du crépuscule aoûtien, soit près de deux heures après le coucher du Soleil, la Voie lactée tranche la voûte céleste en deux portions pratiquement égales du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Nous n’avons pas la chance d’admirer la région la plus lumineuse et la plus dense de la Voie lactée au zénith comme peuvent le faire les observateurs des tropiques. Cependant, le fait d’avoir le Sagittaire et donc le cœur galactique au ras de l’horizon sud nous permet de lui tourner le dos et de regarder à l’opposé, vers l’extérieur du disque aplati dans lequel circulent le Soleil et son cortège planétaire. Notre étoile se situant à peu près à mi-distance entre le centre et le bord de ce disque, la Voie lactée que nous découvrons dans cette direction est bien moins garnie. En s’allongeant sous un beau ciel traversé par la Voie lactée, avec la tête au sud, et en la balayant des yeux, l’impression de s’éloigner du cœur à grande vitesse est saisissante. Il faut bien évidemment s’installer sous un ciel sans la Lune suffisamment protégé de la pollution lumineuse et laisser ses yeux s’accoutumer à l’obscurité pendant au moins une vingtaine de minutes pour que la vision nocturne la plus sensible s’installe intégralement (voir ce billet). Préservez votre vision nocturne en utilisant une lampe peu intense colorée en rouge ou en orange pour vous déplacer ou consulter une carte. Si vous passez toute la nuit à la belle étoile, vous aurez la grande joie de voir surgir avant l’aube les constellations qui embelliront nos soirées hivernales : le Taureau, le Cocher, les Gémeaux et Orion. Fin août, repérez même l’éclat incandescent de Sirius au ras de l’horizon est-sud-est, une heure avant le jour. Jupiter et Saturne sont bien visibles au sud en début de nuit, puis Mars prend leur relève à l’aube. Quant à Vénus, elle brille glorieusement dans les Gémeaux avant l’aube.
Carte du ciel visible en août 2020 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine ; la position des planètes Jupiter et Saturne est exacte pour le 15. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Altaïr de l’Aigle sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l’horizon sud. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel.
Cette carte montre le ciel visible en août 2020 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Remarquez le point orangé de Mars loin au-dessus de l’horizon sud-est. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
En librairie le 13 août : ne manquez pas l’arrivée de mon nouveau Guide du Ciel ! Il regorge de rendez-vous astronomiques à observer jusqu’en juin 2021, de schémas, de cartes et de conseils pour pratiquer l’astronomie au fil des mois.
Le vendredi 7 août entre 13 h et 14 h, j’observerai le ciel en compagnie d’Élodie Font dans l’émission Chacun sa route sur France Inter. À écouter en direct et sur le site de l’émission.
Si vous prévoyez de faire quelques images du ciel étoilé dans les prochaines semaines, n’hésitez pas à participer au concours « Photographie nocturne de nature et de paysage » parrainé par Vincent Munier et moi-même. Ce concours est organisé par le Cerema Méditerranée à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union International de la Conservation de la Nature) qui se tiendra à Marseille du 7 au 15 janvier 2021 et vous pouvez le découvrir in extenso sur le site de cet organisme.
Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Instagram)
August 06, 2020 at 04:58PM
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Vous avez rendez-vous avec les planètes et les étoiles - Le Monde
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